Le jeune de 15 ans qui a été retrouvé pendu avait été victime de harcèlement à son établissement scolaire l’année dernière, comme l’a confirmé le ministre de l’Éducation nationale. Deux enquêtes ont été lancées, l’une de nature judiciaire et l’autre administrative.
Alors que l’actualité liée aux uniformes et aux abayas avait dominé le début de la rentrée scolaire, la question du harcèlement est brusquement revenue sur le devant de la scène de manière tragique. Le mardi 5 septembre, un adolescent de 15 ans a été retrouvé pendu dans sa chambre à Poissy, dans les Yvelines. Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de son décès. Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a déclaré lors d’une conférence de presse le mercredi 6 septembre : « Une enquête est en cours, ce n’est pas à moi de la commenter. En revanche, en tant que ministre de l’Éducation nationale, il est de mon devoir de faire preuve de transparence concernant le harcèlement dont ce jeune garçon a été victime. »
Aux côtés de Carole Grandjean, la ministre déléguée chargée de l’Enseignement et de la Formation professionnelle, Gabriel Attal a présenté les événements de l’année précédente, lorsque le jeune était élève en 3e « prépa métiers » au lycée professionnel Adrienne Bolland de Poissy. En décembre 2022, la victime a signalé des brimades et des injures répétées de la part de plusieurs élèves. En mars 2023, ses parents et les élèves concernés ont été reçus par l’établissement. Le mois suivant, dans un courrier adressé à l’école, la famille a dénoncé l’absence de mesures suffisantes prises. Selon le lycée, le jeune garçon a bénéficié d’un suivi régulier avec le CPE. En cette rentrée, il avait changé d’établissement et était désormais scolarisé à Paris.
À la lumière de ces éléments, Gabriel Attal a annoncé le lancement d’une enquête administrative en parallèle avec l’enquête judiciaire. Il a également précisé qu’il avait eu un entretien téléphonique avec la mère de la victime et qu’une cellule d’écoute composée d’assistants sociaux, de psychologues et de personnels académiques serait mise en place à Adrienne Bolland ce jeudi. Il a souligné la nécessité de poursuivre les efforts dans la lutte contre le harcèlement, en déclarant : « Beaucoup de chantiers ont été lancés en matière de lutte contre le harcèlement, mais chaque tragédie nous rappelle que nous devons faire davantage. »
Ces dernières années, plusieurs parents endeuillés ont attribué le suicide de leurs enfants au harcèlement scolaire. Des mesures anti-harcèlement ont été renforcées dans l’Éducation nationale en réponse à ces drames. Cependant, lorsque ces cas sont portés devant la justice, les procédures peuvent devenir complexes. Par exemple, dans le cas de Dinah, l’enquête pour « harcèlement » a été classée sans suite, conduisant les proches de l’adolescente à déposer une nouvelle plainte incluant des charges telles que « harcèlement moral », « provocation au suicide », « omission de porter secours » et « homicide involontaire ». De même, dans le cas de Lucas, quatre élèves ont été reconnus coupables de « harcèlement » mais le tribunal pour enfants d’Épinal a estimé qu’il n’y avait pas de lien de causalité entre ces actes et le suicide du collégien. Les quatre adolescents, qui avaient plaidé la relaxe, ont fait appel.